Cette nuit
dans la forêt noyée de lune
je marche sur le chemin oublié.
La terre
est douce sous les pieds,
je sens chacune de ses courbes,
chaque branche qui craque,
et la brisure gémissante des feuilles sèches.
Je marche lentement, mes mains
frôlent des rideaux d’ombre,
velours ondulants de la nuit d’été.
L’air est tiède, je ne pense à rien,
mon coeur bat au bout de mes doigts,
et j’avance sans attente,
les yeux ouverts sur le noir immense.
J’avance à pas minuscules et fragiles
au hasard des lueurs qui coulent entre les troncs.
C’est bon et doux cette marche dans la nuit,
dans la ronde berceuse des arbres argentés,
c’est bon et mystérieux.
La lune cligne derrière les feuilles,
la terre tremble du galop de la biche,
tout près,
je ralentis encore, j’écoute.
L’odeur grave et profonde de l’humus
monte en lourdes spirales d’ombre
et s’enroule autour de mon pas.
Les voix d’hommes depuis longtemps se sont tues, j’écoute
mon coeur dans la nuit,
le chant de la forêt.