Pour vous accompagner dans ce portail, voici un beau poème de Sandrine, qui raconte un de ces moments de connexion avec l’automne, et qui nous rappelle que, lorsque nous nous sommes éloignés du miracle de la vie, il y a toujours de minuscules gardiens autour de nous qui ne demandent qu’à nous prendre la main pour nous montrer à nouveau le chemin.
Y a-t-il un nom pour ces rêves-là,
dans la forêt aux matins fragiles d’automne,
qui barrent le chemin ?
Bruyants et fardés, venus de trop loin, ceux qui volent
la chanson familière des feuilles sèches,
les larmes de soleil sur les dernières campanules.
Elles dodelinent leurs têtes mauves en soupirant
si tu savais tout ce que tu ne vois pas
quand tu les laisses t’embobiner
une fois de plus
à leurs fils soyeux séduisants…
Ces rêves-là
t’emportent ailleurs.
Et la vie n’y est pas.
Je suis là moi, lance dans un velours d’ailes
le mignon troglodyte.
Il m’est passé sous le nez et s’est posé
un instant
à la branche d’argent du vieux frêne ganté de mousse.
C’est comme
un seau d’eau fraîche renversé sur
ma tête soudain.
Le minuscule malin
sautille et s’ébouriffe et papillonne
et m’éclabousse de toute
sa présence légère,
avant de s’évanouir derrière
les voiles bleus du ciel.
Après lui
le chemin déroule ses cailloux blancs,
les hêtres secouent leurs plumes de cuivre,
les trembles
versent des parfums doux
comme des frissons,
et je suis là,
cette feuille ronde dans ma main,
cette vraie feuille avec ses veines
blondes creusées dans l’ombre autour,
et ses dents écorchées
par la saison passée.
Je suis là, il était temps
soufflent les campanules juste avant
de faner
doucement.